Quantcast
Channel: Derrière l'écran de la révolution sociale
Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

Groupe Areva : chronique d’une dégradation sociale annoncée

$
0
0

Le pourfendeur du « monde de la finance » va-t-il privilégier le profit ou la vie sociale dans le groupe Areva ?

Alors que le nouveau président de la République a maintenant pris ses fonctions et que l’Assemblée nationale doit être renouvelée ce week-end, le débat autour du fleuron nucléaire français Areva est passé en arrière plan. Pourtant, les restructurations sont au programme et c’est Euriware, sa filiale en ingénierie informatique, qui est passe d’en faire les premier frais.

Sujet passionnel s’il en est, le débat sur le nucléaire est passé à l’arrière plan dans ce contexte d’élections législatives qui va voir l’Assemblée nationale se renouveler ce week-end. Pourtant, quelques mois plus tôt, l’actualité était brûlante. Entre un accord Verts-PS avant la présidentielle (à lire ici) – avec l’objectif de passer à 50% d’énergie atomique en 2025 – et un plan de restructuration chez le géant Areva avec des craintes sur la vie sociale du groupe (à lire ici), le nucléaire occupait tous les esprits.

Concernant la restructuration, Euriware, la filiale informatique d’Areva, semble bien être aux premières loges. Les syndicats ont déjà pourtant alerté à plusieurs reprises. D’abord, lors des « stress-test » post-Fukushima (à lire ici), puis lors d’une grève historique dans le groupe en janvier dernier qui n’a eu que très peu de retour médiatique. Pourtant, le démantèlement d’Areva est en ligne de mire (à lire ici). Les syndicats voient aujourd’hui leurs craintes confirmées suite à la publication d’un rapport d’expertise du cabinet Technologia. Pour la CGT Euriware, les conclusions sont claires : la restructuration envisagée, c’est « Danger pour les salariés ».

Inventaire à la Prévert

Malgré des avis négatifs des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et du Comité central d’entreprise (CCE), la direction a quand même les mains libres pour appliquer son plan de réorganisation. « Au prix des conditions de travail et de santé des salariés, pour le bénéfice de notre actionnaire principal bien entendu », souligne la CGT. Par exemple, en analysant les risques psychosociaux, le constat de Technologia est sans appel. Sur « les exigences au travail », le constat est qu’ils « vont augmenter ». « La charge émotionnelle » ? « Structure sous pression », affirme le cabinet d’études. « L’autonomie et les marges de manœuvre » ? Elles « vont être réduites ». « Les rapports sociaux et les relations de travail » ? « Peu de soutiens managers & collègues ». « Les conflits de valeur » ? « Perte d’intérêt du travail », affirme Technologia. Enfin, sur « l’insécurité économique », le cabinet assure qu’« elle est présente ». Technologia fait un véritable inventaire à la Prévert des conséquences de la réorganisation chez Euriware.

Profits versus salariés

Et les experts du cabinet d’enfoncer le clou dans leurs conclusions : « sur tous les axes d’importants facteurs de risques ayant tendance à s’accroître sous les effets combinés de la réorganisation et des objectifs économiques ». Car le profit semble bien au cœur du problème. Ainsi, alors que la CGT rappelle que « la direction (…) affirme depuis début janvier que ce projet n’aura aucun impact sur les conditions de travail », ces propos se voient très vite infirmés : « Une partie des conséquences préjudiciables aux salariés est en grande partie induite par les enjeux de réductions des coûts de production notamment en infogérance groupe. A ce propos, les affirmations de la Direction selon lesquelles aucune conséquence n’est à craindre pour la plupart des salariés et qu’aucun outil supplémentaire ne serait à déployer ne sont pas corroborées par l’analyse. »

La restructuration est même au cœur de la stratégie économique du groupe Areva concernant Euriware. Ainsi, Technologia assure que « l’équilibre économique du projet ne semble pouvoir être atteint que si la baisse des coûts exigés par le groupe est appliquée directement sur la masse salariale ou en agissant sur le recours à des prestataires extérieurs (intérim, SSII). »

Déni généralisé

Si Technologia critique – « Finalement, le diagnostique fait par le cabinet Technologia aboutit une aggravation des risques psychosociaux sur l’ensemble des dimensions retenues par les experts des RPS (risques psychosociaux, ndlr) », le cabinet avance aussi des propositions : « Les préconisations du cabinet visent tout d’abord à éviter le déni des conséquences prévisibles de la réorganisation et engage l’entreprise à anticiper les RPS sur tous les corps de métiers. »

Si le déni est du côté de la direction, le sera-t-il aussi chez les dirigeants politiques ? Le groupe Areva, dont Euriware est une filiale, est détenu à 73,03% par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), organisme public, et à 10,17% par l’État (à lire ici). Alors, le nouveau chef de l’État qui, en tant que candidat, pourchassait le profit, corollaire de la finance, en clamant que son « adversaire, c’est le monde de la finance » (discours du Bourget à relire ici ou à revoir ici), va-t-il faire passer les exigences sociales avant le profit ? Le débat sur la vie sociale du nucléaire n’a pas fini de rayonner.

 

 



Viewing all articles
Browse latest Browse all 10

Latest Images





Latest Images